Porquerolles: Eglise Sainte Anne

Ce fut grâce à la ténacité du Pére Ollivier, aumônier du dépôt de Convalescence des Soldats d'Afrique à partir de 1844, que fut élevée à Porquerolles la chapelle militaire devenue plus tard en 1929 l'église paroissiale Ste Anne (patronne de I'île).

A force d'insister sur le fait que la présence de tous ces convalescents faisait du camp militaire un hospice et que tout hospice devait avoir sa chapelle, il finit par obtenir, en 1847, une recommendation du prince de Joinville au ministre de la Guerre.

L'Etat, I'île et la mairie d'Hyères financèrent les travaux et le 28 août 1850, le doyen de St Louis d'Hyères posa la premiére pierre de l'édifice dont Pichon, chef de bataillon du Génie avait dessiné les plans.

Le ministre de la Guerre avait insisté sur la nécesité de prévoir un bâtiment assez vaste pour le transformer en hôpital le cas échéant... Le 21 mars 1851, le Père Ollivier bénit solennellement la nouvelle chapelle. De tous les embellissements qu'il obtint ensuite, il ne subsiste aujourd'hui que les lambris de noyer et les stalles du choeur. 

En 1857, I'achat d'une cloche devint impératif: le timbre de celle qui existait avait été utilisé pour une horloge donnée par le Chef du Génie! Cet abbé de choc inaugura le 10 août 1869 le chemin de croix qui mérite une attention particulière.

Ses 14 stations ont été sculptées, à raison d'une par mois, au couteau et dans des blocs de noyer massif, par un soldat d'un bataillon disciplinaire, Joseph Wargnier.

Résultat d'un voeu?

Expiation volontaire?

Il semble s'être "imposé cette tâche" comme il l'écrit au Père Ollivier qui lui avait confié la réalisation de ce travail. Quoiqu'il en soit, I'inauguration fut solennelle et les stations furent portées à travers le village par 14 hommes des "Bat d'Af", à la lueur des flambeaux et devant toute la population. Hélas, son oeuvre à peine terminée, le bataillon de Wargnier dut repartir et I'on retrouve, un an aprés, notre sculpteur en prison et passible du Conseil de guerre.

Jugé et acquitté, il alla exercer ses talents à Béthisy St Pierre dans I'Oise. Entre temps, I'abbé Ollivier qui avait financé le chemin de croix I'offrit au ministre de la guerre pour qu'il reste définitivement propriété de la chapelle militaire del'île.

Au bas de chaque tableau se trouvait alors une torchère galbée destinée à recevoir un cierge. Le chemin de croix fut mis à I'abri à Hyéres pendant la guerre et, au fil des ans, ces accessoires disparurent.

Des aménagements récents ont fait disparaitre I'autel de marbre, la chaire sculptée et certaines des toiles offertes par Napoléon Ill et son ministre de la guerre.

Les vitraux de I'époque n'avaient pas été épargnés par les bombardements et durent être remplacés en 1960.

Pendant l'occupation, les Allemands ont emporté I'ancienne horloge dont la sonnerie de I'Angelus était automatique. Et les niches, maintenant vides, de chaque côté du portail, abritaient jusqu'à trés récemment deux statues de pierre représentant St Pierre et St Paul.

En 1985, avec I'aide de la municipalité, l'église a été complètement restaurée.